6 000 chiens guides d'aveugles remis !

En 1952, Paul Corteville remet le premier chien guide d'aveugle en France.
70 ans plus tard, le cap des 6 000 chiens guides remis, par nos associations affiliées, a été franchi ! 

Ce compagnon hors pair est venu transformer les vies de personnes aveugles ou malvoyantes comme Lou, Jean-Marie et Raphaël. Partez à la rencontre de ces trois maîtres de chiens guides, ambassadeurs de ce nouveau cap symbolique. 

 

Lou se tenant accroupie dans l'herbe et tenant dans ses bras Pita, son chien guide d'aveugle, labrador croisé golden sable.Lou et Pita, un duo qui surfe sur le succès !

Passionnée de surf, Lou Mechiche a décidé de faire de son handicap visuel, une force d’aller de l’avant. Elle enchaîne les palmarès et parvient même à se hisser à seulement 16 ans à la troisième place des championnats de France de parasurf. Son chien guide d'aveugle, Pita, lui a redonné confiance en elle et l’envie de se dépasser. 

Pourquoi avez-vous fait une demande de chien guide ?

J’avais 2 ans et demi lorsqu’une tumeur des voies optiques m’a été diagnostiquée. Après un lourd traitement avec de la chimiothérapie, je n’ai plus qu’un très léger résidu visuel (ou faible acuité visuelle = plus recherché!). J’ai toujours vu mon frère surfer. Je l’accompagnais à la plage, il me donnait envie. Je me demandais si ce serait possible pour moi de surfer avec ma vision une fois le traitement fini. Je ne souhaitais pas être stigmatisée en utilisant une canne blanche et j’adorais les chiens, aussi je me suis tournée vers la Fondation Frédéric Gaillanne pour faire une demande.

Qu’est-ce que votre chien guide a changé dans votre vie ?

Mon chien guide Pita, un magnifique labernois sable, a été une véritable bouffée d’amour et une explosion d’émotions ! Depuis qu’il partage mon quotidien, j’ai retrouvé confiance en moi. Je me suis de nouveau investie dans mes études que je commençais à délaisser. Grâce à la loi sur l'accessibilité des chiens guides, Pita m’accompagne désormais partout, et surtout lors de mes sessions de surf le week-end, que ce soit pour l’entraînement ou les compétitions.

 

 

Jean-Marie et Pago : aveugle et alors !Jean-Marie se tient debout et caresse de la main gauche Pago, son chien guide, labrador noir.

Devenu aveugle à l’âge de 25 ans, Jean-Marie Florent a décidé que son handicap ne serait pas un obstacle. Heureux père de trois filles, ce quinquagénaire a tutoyé cinq podiums handisport et dirige une enseigne immobilière nationale, accompagné de son chien guide, Pago. 

Pourquoi avez-vous fait une demande de chien guide ?

A 24 ans, on m’a diagnostiqué une rétinite pigmentaire, un véritable coup de massue. Au bout d’une semaine de déprime, j’ai noté au recto d’une feuille tout ce que je ne pourrais plus faire et au verso, tout que je continuerais à faire, avec la volonté affirmée que la cécité ne régente pas ma vie. J’ai subitement perdu la vue un an plus tard. Je me suis d’abord tourné vers le handisport, où j’ai remporté cinq podiums en cyclisme aux Championnats de France. Puis, j’ai fait une demande de chien guide auprès des Chiens Guides de Provence Côte d’Azur Corse.

Qu’est-ce que votre chien guide a changé dans votre vie ?

Mon premier chien guide d'aveugle, Zeus, est entré dans ma vie à mes 28 ans. Notre relation était si fusionnelle que je n’ai pas voulu le remplacer à sa mort. Je me suis dirigé pendant des années à la canne, mais ma situation professionnelle a évolué : j’ai pris la tête d’une enseigne nationale immobilière et les nombreux déplacements m’ont amené à reconsidérer l’envie d’un chien guide à mes côtés afin de retrouver de l’autonomie. Pago, mon deuxième chien guide est mon petit frère. Câlin et expressif, il me donne un sentiment de liberté et de sécurité incroyable. Notre relation va au-delà de la complicité : il est mon prolongement, mon binôme. Il donne sa vie et ses yeux pour moi.

Quels sont vos projets ?

J’écris actuellement un spectacle-conférence pour transmettre mon énergie à ceux qui voient : « Aveugle, et alors ? Même pas peur ». Puis je me suis lancé un nouveau défi : celui de battre un record dans une compétition de jet-ski, dont les bénéfices iront à quatre associations qui s’occupent d’enfants handicapés ou malades, dont K Net Partage que j’ai cofondé.

 

Raphaël se tenant debout, à gauche de Pouxie, son chien guide d'aveugle, labrador sable. Raphaël et Pouxie : pour l’amour de la liberté

Fraîchement diplômé d’un Master II en droit, Raphaël Zahiri vise l’examen du barreau cette année. Au quotidien, il est désormais accompagné dans tous ses déplacements par son partenaire Pouxie, son chien guide d'aveugle remis par l’Ecole de Chiens Guides de Paris. Il nous raconte…

Pourquoi avez-vous fait une demande de chien guide ?

Atteint d’un glaucome, j’ai d’abord suivi une scolarité en milieu ordinaire, à l’exception de trois années qui m’ont notamment permis d’apprendre le Braille. Arrivé à ma majorité, je me suis retrouvé en situation de cécité complète et face à cette nouvelle donne, j’ai recherché un moyen de fluidifier mes déplacements. J’ai d’abord testé la canne électronique, qui détecte les obstacles, mais je n’étais pas complètement convaincu. Ayant déjà un chien de compagnie, je mesurais toutes les possibilités que pourrait m’offrir un chien guide. J’ai mûri ma réflexion pendant trois ans, puis l’année dernière je me suis décidé à sauter le pas et faire ma demande de chien guide. Après un déménagement, j’ai suivi au préalable des séances de locomotion pour me préparer à l’arrivée de Pouxie qui est venue bouleverser ma vie.

Qu’est-ce que votre chien guide a changé dans votre vie ?

Avec Pouxie, ce fut un coup de foudre réciproque. Je suis habitué aux trajets inconnus, mais mon chien guide change la donne : il lisse la perception des irrégularités, il va droit au but. J’ai retrouvé de l’autonomie, je suis désormais moins dépendant des autres pour me déplacer. J’ai cette sensation de n’être jamais seul, même face à des situations difficiles ; Pouxie est un soutien psychologique au quotidien. Je dirais que nous avons une relation très fusionnelle mais nous avons aussi chacun nos humeurs. Nous devons encore prendre nos marques et nous armer de patience pour les déplacements, mais nous mènerons les progrès ensemble.